Couvent de Saint François de Vico
Réunies en assemblée au couvent Saint François de Vico ce mercredi 1er août de l’an 2007, les confréries du Pumonte signataires expriment aujourd’hui, de manière unanime et solennelle par une charte, le sens profond de leur engagement au sein de l’Eglise en lien avec l’ensemble de la société corse.
Cette dynamique est le fruit d’une réflexion collective qui place notre foi dans le Christ ressuscité au centre même de notre engagement.
Elle ne se substitue en rien aux statuts propres à chaque confrérie, élaborés selon son histoire.
Elle a pour objectif de permettre à tous les confrères d’affirmer et de préserver l’état d’esprit qui les anime, qui fait la force de leur engagement à professer la foi catholique.
CHARTE DE L’ENGAGEMENT EN CONFRERIE
L’engagement en confrérie n’est pas un acte anodin. L’adhésion d’une femme ou d’un homme à une confrérie est un engagement chrétien qui ne s’arrête pas aux portes de l’église. Bien au contraire, il se prolonge et prend sa pleine dimension dans tous les domaines de la vie quotidienne, aussi bien familiale que professionnelle et sociale.
C’est, avant tout, une volonté de suivre le Christ et de vivre pleinement l’enseignement des évangiles. Cette démarche s’appuie principalement sur l’approfondissement des valeurs chrétiennes qui donnent tout son sens à cet engagement et qui sont développées dans les paragraphes suivants.
1 - L'ouverture, la tolérance et l'échange
Partie intégrante de l'Eglise, les confréries sont des ouvertures qui facilitent l'accès au Christ.
Une confrérie est ouverte à tous ceux qui se reconnaissent dans ses valeurs. Elle doit être un exemple de tolérance, aussi bien dans son fonctionnement interne que dans ses rapports avec les autres groupes sociaux.
Etre confrère c'est être ouvert au débat et au dialogue et accepter l’autre avec ses différences sociales, religieuses, culturelles, philosophiques ou politiques.
Pour notre foi chrétienne, chaque être humain est unique, libre et responsable. En tant que citoyen, il est libre d'avoir des opinions sur la justice sociale ou le gouvernement des sociétés ; libre et responsable de ses choix politiques ou syndicaux.
Une confrérie reconnaît à ses membres la liberté de s’exprimer.
Même s’il ne peut s’exprimer sans mandat au nom du groupe, un confrère garde toujours sa propre liberté de parole.
Les confréries n'ont pas vocation à devenir des forces de pression, des tremplins ou des tribunes au service de groupes ou d'individus en quête de pouvoir politique ou économique.
Elles doivent offrir la possibilité d'accès pour tous aux places de responsabilité.
Les confrères élus prieurs et conseillers restent de simples frères. Leur pouvoir n’est pas un but en soi mais un moyen de servir leur confrérie.
Une confrérie respecte le degré d’implication de chacun de ses membres.
Chaque confrère participe à la mesure de ses possibilités et peut quitter la confrérie librement, sans culpabilité ni réprobation.
2 - Le respect de l’homme
Malgré des avancées significatives pour le respect des droits de l’homme, notre société est largement affectée par les violences de tous ordres : les extrémismes, le racisme, l’exclusion, l’isolement, et encore bien d’autres fléaux qui ignorent chaque jour la dignité de la personne humaine.
Même si le mythe laisse volontiers croire que la Corse serait demeurée à l’abri de ces maux, il faut savoir que tous les voyants sont depuis longtemps dans le rouge : homicides, chômage, précarité, drogue, suicides, fort taux d’IVG,…
Le respect de la vie est un des aspects fondamentaux et incontournables de la foi chrétienne. L’homicide n’est acceptable sous aucun prétexte.
Etre confrère c’est respecter la personne humaine, en premier lieu le droit à la vie qui, en toute circonstance, demeure inaliénable.
Pour les confréries, chaque manquement à la dignité d’autrui constitue une atteinte grave à la vie.
Etre confrère c’est se dresser devant les atteintes au respect auquel tout homme a droit.
La mission des confrères
Par leur place dans la société corse et par leur impact auprès des jeunes générations, les confréries ont un rôle essentiel à assumer dans l’annonce du message chrétien d’amour, de paix et de réconciliation.
Etre confrère c’est assumer cette mission d’évangélisation qui incombe aux chrétiens qui se mettent au service de l’Eglise et du Christ.
3 - La solidarité et le partage
La solidarité et la charité envers les plus pauvres ont été de tout temps une mission première des confréries. Aujourd’hui, face à de nouvelles formes de précarité, les besoins sont différents de ceux d’hier et les réponses à apporter le sont tout autant.
Les confréries doivent être des lieux d'accueil pour tous, y compris les personnes en situation d’exclusion.
Elles contribuent par cet accueil à recréer le lien social.
Elles permettent aux blessés de la vie de se reconstruire.
Etre confrère c'est être disponible à l'autre.
Etre confrère c’est être solidaire.
Aimer son prochain c’est aller vers lui, l’aider, soulager sa misère, tout en respectant sa dignité.
La mission première des confréries
Confrères et consœurs s’engagent de fait à œuvrer quotidiennement, chacun à son niveau, pour venir en aide aux personnes qui souffrent dans leur chair ou dans leur cœur.
L'engagement des confréries dans des actions de solidarité de tous ordres doit rester une priorité car il est le lien essentiel avec les premières confréries inspirées par l’esprit franciscain.
4 - Le sens du culturel et de la tradition
Dans la période d’après-guerre, l’exode rural et le phénomène de désertification ont engendré la mise en sommeil et le déclin d’activité de bon nombre de confréries dont la présence aux côtés de l’église est attestée en Corse dès le XIIIème siècle.
On assiste aujourd’hui à leur renouveau, dans la dynamique du riacquistu. Loin d’être un phénomène de mode ou de folklore, ce renouveau doit être l'expression d'une volonté de vivre la foi chrétienne en lien avec notre héritage culturel.
La confrérie miroir de la culture et des traditions vivantes
Etre confrère aujourd’hui c’est être un maillon de la chaîne entre les générations. C’est préserver, transmettre et faire vivre l’héritage reçu.
Les confréries doivent favoriser l’intégration des jeunes afin qu’ils renouent avec leurs racines et que vive, perdure et évolue notre patrimoine culturel.
Face au mondialisme mais aussi à l’individualisme, les confréries prennent en compte le besoin de s’affirmer en tant que personne dans une communauté.
Respecter la richesse de la diversité
Etre enraciné dans sa tradition c’est aussi admettre l’universalité de la valeur humaine.
Reconnaître l'universalité ne signifie pas renier nos différences et les dissoudre dans un seul moule. Notre langue, nos traditions, notre histoire, notre culture sont respectables et ont autant de valeur que les autres, ni plus, ni moins.
Une confrérie se doit de prendre en compte et d’accorder de l'importance à chaque expression, traditionnelle ou non.
Etre confrère c'est utiliser de manière apaisée dans la liturgie le latin, l’italien, le français et aujourd’hui le corse comme langues issues de la tradition de l’Eglise de Corse.
Garder et accomplir des gestes qui ont du sens.
Les gestes répétitifs, bien que rassurants, sont parfois vides de sens. Mais innover peut aussi pousser à créer des gestes nouveaux qui, répétés sans discernement, deviennent de nouvelles et fausses traditions.
Certains gestes séculaires ont étés justement inventés pour ouvrir et faire entrer le souffle de l'Esprit. Seuls les gestes et les symboles porteurs de vie et de sens ont franchi les millénaires.
Pour nous, chrétiens de Corse, choisir au 3ème millénaire de nous regrouper sous l'ancien vocable de Cunfraternita, c’est accomplir un de ces gestes symboliques et répondre à un appel de l'Esprit.
5 - La dimension spirituelle dans l’engagement en confrérie
Par leur engagement, les confréries témoignent du Christ Jésus mort et ressuscité. Dans un environnement de plus en plus marqué par le matérialisme, la dimension spirituelle de la confrérie doit demeurer un élément essentiel de son activité.
Etre confrère c’est s’attacher à assister à la Sainte Messe et recevoir les sacrements, en particulier l’eucharistie comme source et sommet de notre foi chrétienne.
Etre confrère c’est chercher à approfondir sa connaissance de l’Ecriture Sainte et se former à une pratique en accord avec le rituel de l’Eglise Catholique.
Une confrérie doit bénéficier de l’aide de son conseiller spirituel pour prendre sa pleine dimension lors des célébrations religieuses. Etre confrère c'est maintenir l'Esprit sans être esclave de la lettre.
De même que « la loi a été faite pour l'homme et non l'homme pour la loi », les confréries aussi sont faites pour l'homme et non le contraire. Elles doivent être des outils de sa libération.
La raison ne peut expliquer les Mystères Sacrés de la Foi. Aussi les confrères sont-ils appelés à s’ouvrir totalement aux vérités de l’Evangile.
L’abandon à l’Esprit Saint est une attitude spirituelle qui ne doit pas priver les confrères de leur libre arbitre.
Etre confrère c’est utiliser son intelligence pour discerner le Bien du Mal, et choisir son mode de vie en fonction de ses principes.
En décidant de suivre les préceptes de l’Evangile, le confrère exerce sa liberté en conscience. Et, quels que soient ses choix, il est de sa responsabilité de les assumer.
Etre confrère c’est suivre le Christ qui est la Voie, la Vérité et la Vie.
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